L’empreinte écologique

L’impact écologique de nos modes de vie sur le territoire belge

Par Gaston P., mai 2020


Introduction

Afin de repenser nos modes de vie et nos organisations sociétales, il est intéressant de se pencher sur des outils qui existent pour se représenter la situation le plus objectivement possible. L’outil que je vous propose d’utiliser aujourd’hui permet de rendre compte de l’empreinte des activités humaines sur l’environnement. Nous allons le mettre en perspective avec la densité de population et l’occupation du territoire au niveau de la Belgique.

L’empreinte écologique et la biocapacité

L’empreinte écologique ou l’empreinte environnementale est un indicateur qui calcule la surface biologiquement productive des terres et des eaux dont une population humaine a besoin pour produire les ressources qu’elle consomme et absorber les déchets qu’elle génère. L’empreinte écologique est donc un indicateur qui révèle la pression qu’exercent les humain-e-s sur leur environnement, car elle mesure l’utilisation des surfaces de terres et d’eaux nécessaires pour répondre à leurs besoins vitaux (Global Footprint Network, 2010). Par conséquent, le résultat de celle-ci dépend des choix de production et de consommation des citoyen-ne-s et de la taille de cette population donnée. L’empreinte écologique est calculée en hectares (un hectare = 10 000 m²).

La biocapacité ou la capacité biologique est la capacité des écosystèmes à fournir des matières biologiques utiles aux humain-e-s en fonction des souhaits de consommation et des technologies de transformation disponibles, ainsi que la capacité des écosystèmes à assimiler leurs déchets (Global Footprint Network, 2010). Elle est mesurée en surfaces (en hectares) de terre et d’eaux dites « biologiquement productives ».

L’empreinte écologique correspond donc à « la demande » et la bioacapcité à « l’offre ». Pour que notre modèle de société soit durable, la demande ne peut pas être supérieure à l’offre ; l’empreinte écologique doit donc être inférieure ou égale à la biocapacité.

Chiffres au niveau du monde et de la Belgique

Au niveau mondial, l’empreinte écologique moyenne correspond à 2,3 hectares par personne. Ce qui implique qu’il faut actuellement une planète et demie pour produire les ressources écologiques renouvelables nécessaires au soutien de l’empreinte environnementale de l’humanité (WWF). Cette empreinte mondiale doit donc être réduite à 1,8 hectare par personne pour ne plus dépasser la biocapacité de la planète (Rapport Planète vivante, 2010).

Lorsque l’on sort de la moyenne mondiale pour regarder au niveau de la Belgique, celle-ci est située dans le top cinq des plus grosses empreintes écologiques au monde, avec une estimation de 7,47 hectares consommés par habitant-e.

Population de la Belgique et occupation du territoire

Figure 1: Densités de population en Belgique en 2011 (Source: STATBEL, 2012)

La Belgique est un pays avec une très forte densité de population. Il y a en Belgique 358 habitant-e-s par km² (STATBEL, 2012), ce qui équivaut à 3,58 habitant-e-s par hectare, soit à 0,28 hectare par belge.

Mise en perspective

Si au niveau du monde, l’empreinte écologique par habitant-e doit passer de 2,3 à 1,81 hectare pour ne pas dépasser les limites planétaires ; au niveau de la Belgique, nous devons passer de 7,47 à 1,81 hectare par habitant-e. Nous devons donc adopter un mode de vie et de consommation 4,3 fois inférieur à celui que nous avons aujourd’hui pour vivre en équilibre avec notre environnement. En effet, si tous les habitant-e-s du monde vivaient comme les belges, l’humanité aurait dès lors besoin de 4,3 planètes pour subvenir à ses besoins (rapport « Planète Vivante », 2014).

Occupation du territoire

Figure 2: occupation du territoire belge (Statbel, 2019)

Il est important réfléchir la politique de réduction de notre empreinte écologique en tenant compte de l’affectation du territoire national afin de ne pas en modifier ses attributions, de le préserver et d’organiser nos activités en fonction de sa nature (voir graphique ci-dessus). Reprenons la surface disponible par personne en Belgique : 0,28 hectare. Si tous les pays, ont droit à une surface hors de leur territoire pour absorber une partie de ses émissions (le partage des océans et des terres vierges non peuplées), la Belgique reste trop densément peuplée et consommatrice que pour atteindre l’équilibre (4,3 fois supérieur). Si nous voulons arrêter de dépendre et d’exploiter d’autres pays et d’autres peuples dans le monde afin d’assurer nos besoins vitaux, il nous faut relocaliser nos activités sur cette surface de 0,28 ha par habitant-e. Or, et bien qu’aucune étude – manque à palier – n’établisse la superficie minimale vitale par personne, il semble déjà nécessaire de réduire drastiquement notre consommation et notre population pour espérer pouvoir produire localement les ressources dont nous avons besoin pour vivre.

Conclusion

N’oublions pas qu’il est important d’avoir une vision globale de la situation et de l’état du monde, mais que l’action se fait à l’échelle locale du territoire. Dès lors, si nous voulons respecter les capacités bio-productives et devenir résilient-e-s sur notre territoire, il nous faut assurer tous nos besoins vitaux avec 0,28 hectare par belge. Un beau défi ? Plutôt un chiffre qui nous aide à réaliser qu’il est temps de décroître en consommation et en population afin de limiter notre impact et d’augmenter notre autonomie et la résilience de nos communautés. La décroissance et la dénatalité vont de pair et sont toutes les deux nécessaires pour atteindre notre objectif de production locale et écologique.

Nous devons réorganiser la gestion des communs et mieux partager notre territoire pour assurer nos activités vitales. Pour conclure en paraphrasant Vandana Shiva, nous devons sciemment réduire notre empreinte écologique pour laisser une juste part de la surface terrestre à tou-te-s les humain-e-s, aux générations futures et à toutes les autres espèces.

Sources :

Lockhart, P.M. & Vandermotten, C. (2012). Atlas des dynamiques territoriales, densités de population en Belgique. STATBEL, SPF Economie.

Statbel, 2019. Occupation du sol selon le Registre cadastral en Belgique (données 2019). Récupéré sur : https://statbel.fgov.be/fr/themes/construction-logement/occupation-du-sol-selon-le-registre-cadastral#documents

Vandana Shiva, 29 avril 2020. Tribune dans Libération : « Un virus, l’humanité et la Terre ».

WWF. 2010. Rapport « Planète Vivante » du Fonds mondial pour la Nature. La Belgique et son empreinte écologique.

Zuinen, N. & Gouzée, N. (2010). Global Footprint Network. Biocapacité et empreinte écologique des modes de vie : des indicateurs pour la politique de développement durable ?